7 mars 2013

Bartleby : terrible conditionnel

Herman Melville, 1853

Titre original: Bartleby the Scrivener

Traduit de l'anglais par Pierre Leyris

 

 Résumé : Un notaire de Wall Street engage dans son étude un dénommé Bartleby pour un travail de « scribe », c'est-à-dire qu'il recopie des textes. Batleby est travaillleur et consciencieux mais petit à petit, il commence à refuser certaines taches ou plutôt, dit simplement qu'il « préférerait ne pas » les faire, et ne les fait pas. Ce " I would prefer not to" revient alors systématiquement dans sa bouche, au point qu'il finisse par ne plus rien faire. 


Pour Daniel Pennac (dont je suis une très grande fan), Bartleby est l'histoire d'un homme qui s'arrête. Il s'arrête de travailler, de sortir, de manger et finalement de vivre. Si Bartleby nous fait tout d'abord sourire dans son refus de chaque chose, on finit vite par redouter le fatidique "Je préférerais pas" qu'il prononce inlassablement. Je me suis vraiment demandée jusqu'où il pourrait aller et j’espérais avec le narrateur que Bartleby change d'attitude. Parce qu'en vérité, derrière sa solitude et son côté touchant, il est un peu effrayant. Il peut être difficile de savoir comment réagir face à quelqu'un en colère ou déprimé alors comment réagir face à quelqu'un qui décide de s'effacer, sur qui rien ni personne n'a d'emprise ?

En plus de cette angoisse qui s'installe au fur et à mesure, il faut ajouter notre curiosité, car au final, on ne sait rien de Bartleby. Son attitude serait peut-être plus facile à accepter si on savait d'où il vient, qui il est et les raisons de son comportement mais non. On ne sait rien et on n'en saura jamais rien (ou presque). Melville nous offre là en personnage vide qu'on essaye désespérément de combler mais sans grand succès. Au final, la seule chose dont on est vraiment sûre c'est que Batleby préférerait qu'on n'en sache rien.

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" Mais il semblait que Bartleby fût seul, absolument seul au monde. Une épave au milieu de l'Atlantique"